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Top 13 des techniques bidons quand t'as pas d'arguments

Dernière modification : Vendredi 10 Juillet 2020, 23h27
Publié : Samedi 18 Août 2018, 18h07

Voici 13 techniques régulièrement utilisées par ceux qui n'ont aucun arguments dans un débat (+ un petit bonus).

Techniques visant à éviter le débat

1) T'es pas concerné donc t'as le droit de rien dire
- T'es pour l'égalité homme-femme ? mais t'es pas une femme alors t'as rien à dire.
- T'es anti-nucléaire ? mais pourtant tu utilise de l'électricité, donc du nucléaire, donc tu peux rien dire.
Si on suivait cet argument, seuls les hippies végans vivant dans grotte et s'éclairant à la bougie auraient le droit de s'exprimer sur la production d'énergie, c'est absurde. Rien n'empêche également de défendre les droits des femmes en étant un homme, défendre les plus démunis en étant riche, défendre les noirs en étant blanc, et encore heureux !


2) C'est utopique, ça ne marche pas
- Le communisme ? c'est qu'une utopie, ça marche pas.
- La libre circulation des marchandises ? c'est utopique, ça va forcément merder.
On parle souvent de l'utopie communiste par exemple, mais on pourrait également parler de l'utopie capitaliste qui consisterai à ce que toutes les marchandises de monde puissent s'échanger sans limite ni frontière, et où toutes les offres et les demandes s'équilibreraient naturellement. En réalité, qu'il s'agisse du communisme ou de capitalisme (ou de tout autre sujet), il y a toujours des points positifs et des points négatifs. Aucun système n'est parfait, mais le fait de vouloir chercher le meilleur système possible ne signifie pas qu'on est automatiquement utopiste.

3) C'est difficile de gouverner, t'as qu'à le faire toi
Si on critique les choix d'un gouvernement et que notre interlocuteur n'a pas de contre argument, il peut être amené à dire simplement que "c'est facile de critiquer, t'as qu'à le faire toi". Personne ne prétend qu'il est facile de gouverner, mais critiquer un gouvernement ça ne veut pas dire qu'on considère qu'il est fondamentalement mauvais dans sa façon de gouverner au quotidien, et qu'on pense être meilleur que lui. La question n'est pas de savoir s'il fait "bien" les choses, mais qu'elle direction il prend. Un gouvernement peut faire des choix qui ne nous conviennent pas, mais gouverner de façon exemplaire en suivant ces choix. On peut conduire parfaitement une voiture, mais si on est pas sur la bonne route on aura beau conduire aussi bien et vite qu'on veut, on arrivera jamais à destination.

4) Y'a pire dans la vie
- On devrait améliorer les conditions de vie dans les quartiers défavorisés ? Mais il y a pire, il y a des gens qui sont à la rue.
- On devrait proposer des hébergement d'urgence aux sans abris ? Mais il y a pire, il y a des petits africains qui meurent de faim.
- On devrait envoyer plus d'aide en Afrique ? mais il y a pire, il y a des enfants Syriens qui meurent de la guerre.
Lorsqu'on se plaint d'une mauvaise situation, ou qu'on revendique de nouveaux droits, de meilleures conditions de travail ou de vie, etc... on peut facilement nous répondre que c'est dérisoire car "il y a pire dans la vie". Effectivement il y a pire, mais quoi que vous défendiez, il y aura TOUJOURS pire. Si on suit cet argument on ne fait plus rien du tout !

5) L'appel à la pitié
- Il ne faut pas critiquer cet artiste, il a déjà des problèmes personnels en ce moment.
- Tu ne peux pas critiquer les choix du gouvernement, ils ont eu beaucoup de mal avec la crise et tout...
Plutôt que de chercher des contre-arguments, la personne va chercher à se qu'on ai pitié, et que du coup on ne débatte tout simplement pas. Tout le monde à ses problèmes dans la vie, et cela n’empêche en rien de débattre et d'opposer des arguments quand on est pas d'accord avec quelqu'un.



Techniques visant à valider son opinion ou invalider l'opinion adverse de manière fallacieuse

6) L'argument du nombre : Les autres font/disent pareil
- Il faudrait que je tri mes déchets ? mais les autres ne le font pas, pourquoi je devrai le faire moi ?
- Je ne donne pas d'argent aux sans abris, les autres ne le font pas non plus.
- Le capitalisme c'est le meilleur système, la preuve tout le monde le dit à la télé.
- Il faut réduire le salaire des députés, tout le monde le dit !
Ce n'est pas parce que beaucoup de gens font pareil ou pensent pareil qu'ils ont forcément raison. Même si une idée est majoritaire, elle n'est pas nécessairement vraie pour autant.

7) Le sophisme : la généralisation abusive
- J'ai des arabes délinquants dans mon quartier donc sans doute que la plupart des arabes sont délinquants.
- Je connais quelqu'un qui profite du chômage sans vraiment chercher de boulot, donc les chômeurs sont tous des fainéants.
- J'ai un ami de droite qui est un peu raciste, donc tous les gens de droite sont racistes.
Évidemment ce n'est pas parce qu'on a constaté un exemple qu'on peut en tirer une généralité. Il faut regarder une situation dans son ensemble, examiner les chiffres, ... mais pas se baser sur l'un ou l'autre exemple particulier.

8) L'attaque personnelle
- Beaucoup de scientifiques disent qu'il y a un réchauffement climatiques ? Ils disent ça juste pour se faire connaitre.
- Une collectif d'experts estiment qu'il faudrait passer au 100% énergies renouvelables ? C'est des charlatans.
- Un journaliste a démontré la corruption d'un ministre ? Il a déjà été condamné pour violence conjugale donc tout ce qu'il dit n'a pas de valeur.
Quand une personne n'a plus de contre-argument elle va avoir tendance à attaquer son interlocuteur, et non pas ses arguments. Le but de la man½uvre est de décrédibiliser la personne et de dire ensuite que vu que la personne n'est pas crédible, tout ses arguments sont automatiquement invalidés.

9) L'homme de paille
- Vous voulez une 6ème semaine de congés payés ? mais si plus personne ne travaille l'économie va s’effondrer.
- Vous voulez réduire les taxes des entreprises ? vous voulez ruiner l’État !
Cette technique consiste à ne pas attaquer la position de son interlocuteur, mais d'attaquer une version exagéré de cette position. Par exemple si une personne est contre l'expulsion des immigrés, on va expliquer que cette personne souhaite que la France soit envahie de migrants, et contre-argumenter par rapport à ça.

10) Le faux dilemme : si t'es pas avec moi t'es contre moi
- Tu n'es pas d'accord avec Trump ? alors t'es forcément anti-américain.
- Tu n'es pas d'accord avec le fonctionnement actuel de l'UE ? alors t'es forcément contre l'Europe.
- Tu es anti-nucléaire ? alors c'est que t'es pour les énergies fossiles.
- Tu es contre la transparence de la vie publique ? alors t'es forcément corrompu.
Cette technique consiste à réduire le débat à seulement 2 possibilités. En réalité les sujets sont toujours plus complexes que ça et il peut y avoir une infinité de nuances possible entre 2 positions extrêmes.

11) L'argument d'autorité : Si untel dit que c'est vrai alors c'est forcément vrai
- Un ingénieur a dit que la terre était plate donc ça doit être vrai.
- Un ministre a dit qu'il n'y avait pas de corruption en France donc ça doit être vrai.
- Un économiste a dit que le communisme était le meilleur système, donc ça doit être vrai.
Ici on va utiliser le statut ou la fonction d'une personne pour donner du poids à un argument. Cela n'a pas lieu d'être car n'importe qui peut avoir tort, peu importe sa fonction, son titre, son niveau d'études, ... Il faut éviter de s'appuyer sur les dires d'une seule personne, quelle que soit son titre ou sa fonction. Les ingénieurs ne sont pas tous d’accord entre eux, les scientifiques non plus, les économistes encore moins, etc...

12) L'appel à l'ignorance : Si tu peux pas prouver que c'est vrai c'est que c'est faux
- Si tu peux pas démontrer que le capitalisme c'est bien, alors forcément c'est que c'est nul.
- Si tu peux pas prouver qu'il peut y avoir un accident nucléaire en France, c'est qu'il ne peut pas y en avoir.
Cette argument peut se rapprocher d'une inversion de la charge de la preuve. On part du principe que ce que dit notre interlocuteur est faux, et on lui demande de démontrer le contraire. Sauf qu'à aucun moment on a prouvé que notre position était vrai non plus.

13) L'attaque sur la forme
- Tu défend ta position de manière agressive, ça doit vouloir dire que ce que tu dis est faux.
- Tu fais des erreurs de prononciation sur des mots scientifiques, manifestement tu ne sais pas de quoi tu parles.
Le but de cette technique est de se focaliser sur la forme sans tenir compte du fond. En attaquant la forme, on cherche à invalider le fond sans opposer de réel contre-argument. En réalité aussi mauvaise soit la forme du propos, cela ne remettra jamais en question le fond. Un bon argument reste valable même s'il est présenté de manière maladroite, agressive, en bégayant, en étant mal habillé, ou que sais-je encore.


Lorsqu'on cherche à débattre le mieux est toujours de s'attaquer à la thèse centrale et aux arguments de son interlocuteur. La cible de Graham (ci-dessous) montre la "valeur" des techniques de débat sous forme d'une cible. Plus on est au centre de la cible, plus les techniques sont pertinentes, plus on s'éloigne du centre plus elle sont fallacieuses.



Sur cette représentation, les techniques d'attaque sur la forme ou sur la personne sont loin du centre (en dehors de cercle rouge). L'appel à l'ignorance, l'argument d'autorité ou encore l'argument du nombre sont des contradictions sans argument valable, donc situés au niveau du cercle orange.


Bonus : VENEZUELAAAA
Attention, cette techniques très subtile ne fonctionne que pour contrer des idées de gauche. Elle consiste à invoquer l'exemple du Venezuela qui traverse une période de crise (due à divers facteurs, conflit économique/idéologique avec les USA, prix du baril de pétrole, ...) pour en tirer la conclusion que l'idée de gauche en question ne peut pas fonctionner.

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