Le blog de Tesserack

Connection

Horloge

Il est 10h54m48s
Vendredi 17 Mai 2024

QR Code

La Turquie a-t-elle sa place en union européenne ?

Dernière modification : Mardi 09 Janvier 2018, 19h36
Publié : Mardi 19 Avril 2011, 14h14

Drapeau turc
Drapeau turc

Voilà une question qui revient souvent sur le devant de la scène sans jamais trouver de réponse ferme et définitive. Voici un récapitulatif des principaux arguments qui viennent barrer la route à l'adhésion de la Turquie à l'Union Européenne.

L'argument géographique

Si l'Union Européenne se base sur le principe d'une Europe géographique, le continent européen est très difficile à délimiter. Beaucoup de gens définissent la limite de l'Europe au Bosphore, ce qui fait que la Turquie se retrouverait en grande partie sur le continent asiatique mais également, de façon minoritaire, sur le continent européen. Cela dit, la frontière sud-est de l'Europe reste floue. En effet, l'ile de Chypre, qui est bien loin du Bosphore, fait partie de l'UE. Certains pensent même qu'à terme, l'Arménie ou la Géorgie pourraient être intégrés à l'union. L'argument géographique reste donc très subjectif.

L'argument démographique

La population turque fait peur. En effet celle-ci avoisine les 80 millions de personnes, ce qui est bien supérieur aux 65 millions de français, et proche des 80 millions d'allemands de l'UE. La conséquence direct est que la Turquie disposerait de plus de députés européens que presque tous les autres pays, ce qui amène certains à dire que la Turquie "contrôlerait" l'UE. Ceci n'est évidemment pas vrai puisque les députés européens ne se regroupent pas par pays, mais par camp politique. Les députés turcs de droite rejoindraient les députés européens de droite, idem pour ceux de gauche, etc...
Le poids démographique de la Turquie sur l'UE ne devrait donc pas poser de problèmes majeurs à ce niveau là.

L'argument religieux

La Turquie est un pays laïc, même si la religion majoritaire y est l'islam. L?Europe aussi est laïque, même si elle a une population majoritairement chrétienne. Malgré cela, certains estiment que la Turquie n'a pas sa place dans l'UE car elle ne partage pas ses "racines chrétiennes". L'Europe n'est pas un "club de chrétiens", et l'adhésion de la Turquie à l'UE serait un signe positif en direction du monde musulman. L'argument religieux contre l'adhésion de la Turquie est donc totalement infondé.

L'argument économique

La faiblesse de l'économie turque par rapport aux autres pays européens est souvent citée comme frein à l'adhésion de la Turquie à l'UE. En effet, l'économie turque est très dépendante des exportations et du tourisme. Cependant la croissance turque frôle actuellement les 10% alors que l'Europe peine à redémarrer son économie après la crise. Le poids économique de la Turquie est également à comparer avec celui de pays bien plus fragiles comme la Roumanie, la Bulgarie ou encore la Grèce qui sont dans l'Union Européenne. La relative fragilité de l'économie turque peut barrer la route de la Turquie vers l'UE pour l'instant, mais certainement pas pour très longtemps.

La question chypriote

En 1974, les grecs tentent un coup d'état de le but de prendre le contrôle de Chypre et de rattacher l'île à la Grèce. En réponse, la Turquie déclenche l'opération Attila pour empêcher la prise de contrôle de Chypre par la Grèce et protéger la minorité turque vivant sur l'île. Depuis, l'île est divisée en deux. Les 2 tiers sud de l'île composent la république de Chypre officiellement reconnue par la communauté internationale et membre de l'UE. le tiers nord occupé par l'armée turque à vu naître la république turque de Chypre du nord, indépendante, mais reconnue uniquement par la Turquie. La question de l'avenir de Chypre est inévitablement posée lorsqu'on parle de l'entrée de la Turquie dans l'UE car si la RTCN (République de Chypre du Nord) est officiellement indépendante, c'est bien l'armée turque qui l'occupe. Une réunification de Chypre est-t-elle un préalable à l'adhésion de la Turquie en Europe ? Il semble que oui, même si rien n'est tranché.

La question arménienne

La France a reconnue les massacres d'arméniens en 1915 comme étant un génocide, terme que rejette la Turquie (sans pour autant nier les massacres). La France fait ainsi partie de la petite moitié de l'UE qui reconnait officiellement le génocide arménien. Cela signifie que plus de la moitié des pays de l'union n'a pas reconnu ce génocide, sans que soit remise en cause leur appartenance à l'union. En effet, si cet épisode de l'histoire turque est important, il n'a jamais été reconnu comme constituant un génocide par une commission officiel d'historiens, mais uniquement par des politiciens. De plus, la reconnaissance ou non du génocide arménien n'a aucun rapport avec l'adhésion d'un pays à l'Union Européenne. Cette question, aussi importante soit-elle, ne devrait même pas faire partie du débat entourant le processus d'adhésion de la Turquie à l'UE.

0 commentaire(s) à propos de cet article
Blog personnel de Tesserack -
Licence Creative Commons